Le disque pour enfants est un écueil glissant tant le territoire est balisé par Henri Dès et les autres syndicalistes du genre, jaloux de préserver leur pré carré. Aldebert a pour lui d'avoir toujours creusé ce sillon, dans ses albums, ce qui lui autorise ici une liberté joyeuse dans les thèmes observés. Du reggae tranquille (" Les oiseaux dans les grands magasins ") au folk déjanté (" Super Mamie "), en passant par le rhythm'n'blues musclé (" Quelle histoire de fou "), il trousse une galerie de personnages truculents, avec le renfort de la crème de la chanson française de toutes les générations. Les anciens (Marcel Amont, Maxime Le Forestier, Anne Sylvestre) aux nouveaux (Riké, Vincent Bagiuan, Luce) en passant par les filles (Elodie Frégé, Clarika, Amélie-les-Crayons). Un nuage d'écologie bobo (" Monsieur Toulmonde "), un soupçon d'éducation sexuelle ("Pas plus compliqué qu'ça"), des interludes rigolos disséminés par des enfants entre les chansons, des arrangements "classiques", dans une couleur essentiellement acoustique, avec banjos et guitares, les seize chansons d'Enfantillages forment un florilège sans temps mort qui séduira sans conteste les enfants. Et comme l'indique le sous-titre, les grands enfants, qui se réjouissent de chansons façonnées à la main avec un sens aigu de la tradition.